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Derrière les murs : Pascal Sid et Julien Lacombe nous disent tout sur le Blu Ray !

Le 10/11/2011 à 18:30
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Derrière les murs en Blu Ray : interview de Pascal Sid et Julien Lacombe

Cela fait maintenant deux ans que nous vous parlons du film Derrière les murs de Pascal Sid et Julien Lacombe. Premier film français tourné en 3D relief, Derrière les murs est sorti sur nos écrans le 6 juillet dernier. Hélas, malgré un sujet fort et un beau casting, ce film n'aura pas déplacé les foules et aura fini sa carrière en salle aux alentours des 20.000 entrées. Qu'à cela ne tienne, Derrière les murs sort le 1er décembre prochain en DVD et Blu Ray. A cette occasion, nous avons pu retrouver les réalisateurs pour leur poser quelques questions sur le film. Au programme de cette interview de Pascal Sid et Julien Lacombe : les Blu Ray 3D, le Home Cinema 3D, l'accueil de Derrière les murs par le public, par la critique et l'avenir du cinéma de genre en France.

 

Derrière les murs en Blu Ray : interview de Pascal Sid et Julien Lacombe

Derrière les murs en Blu Ray :

interview de Pascal Sid et Julien Lacombe


Alors, le 1er décembre prochain sortira le Blu Ray 3D de Derrière les murs. On pourra y trouver quoi ?

Pascal Sid : On y trouvera un commentaire audio de Julien et moi, un making-of de 50 minutes, des scènes coupées commentées, le court-métrage Le 6ème Homme et peut-être quelques modules supplémentaires.

Julien Lacombe : Le film sortira également en Blu Ray 3D, avec des menus en relief. On a pu voir quelques essais hier (l'interview a été réalisée le 13 septembre) et le résultat est assez sympa. En revanche, on ne sortira pas de version DVD anaglyphe (rires) ! D'ailleurs le DVD sera beaucoup moins complet que les Blu Ray.

 

Vous êtes convaincu par la technologie Blu Ray 3D ?

JL : Plutôt oui. Il faut savoir que comme l'effet relief est proportionnel à la taille de l'écran, les éditeurs amplifient le relief des films pour les Blu Ray 3D. Du coup, sur un écran de 50" par exemple, la 3D est vraiment spectaculaire. Et comme il n'y a pas de soucis de luminosité ou d'artefacts causés par un mauvais réglage de projecteur, le résultat est nickel.

 

Et le Home-Cinema 3D de manière plus générale ?

JL : C'est une technologie qui en est à ses balbutiements. Pour le moment, le home-cinéma 3D est vraiment réservé à une niche. A mon sens, les constructeurs de télé vont devoir emprunter la même voie que les exploitants salles, qui sont tous passés à un système passif. Au jour d’aujourd’hui, il existe quelques fabricants qui font des téléviseurs 3D passifs. Mais le résultat n'est pas extraordinaire. Le jour où ce sera au point, peut-être que cela se démocratisera.

PS : C'est vrai que pour le moment, les téléviseurs avec lunettes actives donnent de meilleurs résultats. Mais c'est assez contraignant car les paires sont chères et doivent être rechargées régulièrement. Imagine : tu veux inviter des copains à regarder un film ou un match de foot en 3D chez toi, et tu n'as que deux paires, comment tu fais ? Une mi-temps chacun ?

JL : Aujourd'hui, quand tu vas au cinéma et que tu vas voir un film en 3D, tu repars avec ta paire de lunette passive. Moi, j'en ai dix paires à la maison. Si je pouvais regarder mon écran 3D avec, ca serait beaucoup plus simple.

 

C'est important pour un film comme Derrière les murs d'avoir une bonne exploitation vidéo ?

JL : Oui, car sur ce genre de film, le marché vidéo est plus porteur que la salle. Pareil pour la VOD, qui marche bien pour les films français.

PS : Récemment, Canal Plus nous a montré un comparatif de chiffres entre les entrées salles des films de genre français et leurs audiences télé. C'est le jour et la nuit ! Un film de genre qui s'est planté en salles peut faire un très bon score sur Canal. Mieux encore : les films de genre français diffusés sur Canal marchent mieux que les films de genre étrangers !

JL : Plus précisément, il y a une tranche de 300.000 abonnés Canal qui aiment le cinéma de genre. Ca fait beaucoup de spectateurs potentiels.

 

Derrière les murs en Blu Ray : interview de Pascal Sid et Julien Lacombe

"Le film aura fait environ 20 000 entrées. C'est pas bon Mais ça reste dans la fourchette des films de genre français."

 

Le film a-t-il été vendu à l'international pour son exploitation vidéo ?

JL : On n'a pas tous les chiffres, mais on sait que Derrière les murs a été vendu à une quinzaine de territoires.

PS : Pas mal de pays asiatiques ont acheté le film. La chine, la Thaïlande, Taiwan, Hong-Kong, la Turquie ... Mais dans ce genre de cas de figure, les réalisateurs ne sont pas vraiment dans la boucle. On aura des nouvelles dans un an certainement. Mais on aimerait bien voir les jaquettes DVD et Blu-Ray internationales de notre film !

 

Ca vous ennuie si on revient sur la sortie du film en salles ?

PS : Non, pas du tout.

 

Aux dernières nouvelles, quel est le score final de Derrière les murs ?

JL : Au final, le film aura fait environ 20 000 entrées. C'est pas bon. Mais ça reste dans la fourchette des films de genre français.

 

Comment l'expliquez-vous ?

JL : C'est un ensemble de beaucoup d'éléments qui, une fois combinés, font qu'un film de genre français n'a presque aucune chance de marcher en salles. Ce sont souvent des premiers films, tournés avec de tous petits budgets... Notre film a souffert des mêmes maux que ces prédécesseurs.

PS : Pour moi, il y a le problème au niveau de l'exploitation. On parle souvent du nombre de copies d'un film. Mais ce chiffre ne veut rien dire. Nous, on avait 110 copies. Ca peut paraître beaucoup. Mais sur les 110, aucun multiplexe, alors que ce sont ces cinémas là qui sont les plus fréquentés. De la même manière, nous n'avons eu que très peu de salles sur Paris. Lorsqu'on sait qu'une salle sur Paris fait généralement cinq fois plus de recettes qu'une salle équivalente en province, le calcul est vite fait.

JL : Regarde le film I saw the Devil. Il est sorti sur 30 ou 40 copies et il a fait un meilleur score que nous. Une des différences, c'est qu'il est sorti dans les bonnes salles. Des multiplexes fréquentés par les jeunes, mais aussi pas mal de salles d'Art et Essais parisiennes.

 

Finalement, les chiffres sont-ils très loin de ceux escomptés ?

PS : Je me souviens, le mardi avant la sortie, on fait une grande avant-première dans la grande salle de l'UGC Halles. 550 personnes sont présentes et nous, on est content. A ce moment, le producteur et le distributeur viennent nous voir pour nous annoncer que le film est mort, qu'il fera au max 70.000 entrées. Et au final, on en fait 2,5 fois moins.

JL : Mais c'est normal, car notre film n'a pas existé. Moi, je me considère comme un spectateur lambda. Je fréquente quelques cinémas différents, que je choisis en fonction du film que j'ai envie de voir. Derrière les murs ne passait dans aucun de ces cinémas ! Et c'est un fait avéré : un spectateur parisien ne traversera pas Paris pour aller voir un film dans un cinéma qu'il ne fréquente pas d'ordinaire.

PS : C'est clair. Le mec qui a le choix entre aller voir X-Men, Transformers, Kung-Fu Panda 2 ou Harry Potter dans le gros cinéma à côté de chez lui, ou se taper 40 minutes de transport pour aller voir Derrière les murs en 2D dans la petite salle d'un cinéma qu'il ne connait pas, il ne va pas se poser la question longtemps.

 

Derrière les murs en Blu Ray : interview de Pascal Sid et Julien Lacombe

"Les studios américains ont vraiment décrédibilisé la 3D."

 

Pourtant, la promo de Derrière les murs a été bonne …

PS : De ce côté-là, on n'a pas à se plaindre. On a eu une super campagne d'affichage. Laetitia Casta a fait beaucoup de promo. On a même eu 8 minutes au Journal de 20h de TF1 quelques jours avant la sortie du film. C'est pas donné à tout le monde ça. Et pourtant ...

 

La date de sortie a-t-elle pu jouer ?

JL : Sans doute un peu, car la semaine d'avant, il y avait Transformers 3D, et la semaine d'après, Harry Potter 3D. Au niveau des salles 3D, c'était blindé.

 

Justement, vous parlez de la 3D. Pensez-vous que ce qui devait être un atout est devenu par la suite une épine dans le pied ?

PS : Depuis quelques temps, on constate un léger désamour du public pour la 3D c'est vrai. Simplement parce qu'il y a trop de films reliefisés qui sont sortis au cinéma. Dans ces films, la 3D est mauvaise, il faut le dire. Les gens ne sont pas bêtes : on leur fait payer 3€ en plus pour voir des films avec un relief raté. Au bout d'un moment, ils disent « stop ».

JL : Les studios américains ont vraiment décrédibilisé la 3D. C'est pour ça qu'au moment de la sortie de Transformers 3D, James Cameron est monté au créneau pour informer les gens que ce film était un vrai film en relief, tourné en stéréoscopie. Heureusement, il va y avoir quelques films comme ça : Tintin, The Hobbit, Hugo Cabret ... Mais le mal est fait, les gens sont devenus méfiants.

 

Pour que la 3D gagne la confiance du public, que faudrait-il ? Un label ?

JL : Le label va se faire de lui-même. Mais ça va être compliqué. Regarde par exemple Pirates des Caraïbes 4 ! Le film a été tourné en 3D, mais il n'a pas été monté en tenant compte du relief. Il y a beaucoup trop de séquences sur-découpées, qui peuvent donner mal au crâne.

PS : la 3D implique une chose primordiale : les films en relief sont beaucoup plus des films de metteurs, que des films de monteurs. A Hollywood, les réalisateurs ont longtemps eu la tentation de se couvrir en tournant 50 axes différents, puis de faire le choix au montage. Le syndrome John Woo en quelque sorte. En 3D, c'est impossible !

JL : C'est pourquoi des mecs comme Spielberg, comme Jackson, comme Cameron, comme Scorsese, qui ont déjà l'habitude de penser leur mise en scène en amont du tournage, sont des réalisateurs qui s'adapteront plus facilement au relief. Et on espère que ce sont ces films-là que les spectateurs iront voir en 3D.

PS : Pour le moment, la 3D c'est un peu la formule magique pour les studios. Ils allongent quelques millions de dollars de plus pour reliefiser un film, et ils se font 50 millions de dollars de plus en recettes !

JL : Ca, plus le fait que le dollar ne vaut presque rien, ça fait que plein de films en 3D ont explosé des records ces dernières années. Alice aux pays des merveilles, Pirates des caraïbes 4, Transformers 3 ... A l'époque de Titanic, le dollar était une monnaie forte et il n'y avait pas la 3D. Faire un milliard de recette en 1997, c'était bien plus exceptionnel qu'aujourd'hui.

PS : Mais ça peut changer. On rêve d'un avenir où, lorsque les écrans de projection auront été rentabilisés, les exploitants ne feront plus payer de suppléments aux spectateurs. Ou alors 50 centimes quoi ... Certains réseaux ne font plus payer de supplément si le spectateur vient avec ses lunettes. Là, c'est tout à fait honnête.

 

Derrière les murs en Blu Ray : interview de Pascal Sid et Julien Lacombe

"Les gens qui payent 3€ en plus pour la 3D 

attendent forcément plus du film."

 

Est-ce que vous avez eu des retours de la part des spectateurs qui avaient vu le film en relief ?

JL : Oui, et on a eu toutes sortes de retours. Lorsque le film a été projeté dans des salles de prestige, avec des calibrages aux petits oignons, c'était parfait. En revanche, il nous est arrivé lors de la tournée province de nous retrouver dans des salles 3D vraiment mal réglées, avec une luminosité trop faible. Les gens venaient nous voir à la fin pour nous dire que le film était trop sombre et qu'ils n'avaient pas vu la 3D. C'est normal : sur un film 2D, quand tu baisses la luminosité de 40%, tu ne vois rien non plus !

PS : C'est aussi là que la 3D a joué contre nous. Les gens qui payent 3€ en plus attendent forcément plus. Ils en veulent pour leur argent. Ils ne veulent pas être déçus. Et inconsciemment, ils se disent "comme ils nous ont fait payer plus cher, ils ont intérêt à pas se planter". C'est beaucoup de pression, surtout pour un premier film ...

 

A votre avis, qu'est ce que les gens attendent de la 3D ? Vous avez tout misé sur un relief d'atmosphère, mais est-ce vraiment ce que les gens veulent voir ?

JL : Toi, tu attends quoi de la 3D ?

 

Tout dépend du film. Mais je ne suis peut-être pas représentatif. Par exemple, j'entends beaucoup de personne dire que la meilleure 3D, c'est celle de Destination Finale 5, qui est très "fun" ...

PS : C'est vrai que quand le spectateur pense "3D", il pense aux effets jaillissement. C'est presque une ligne d'un cahier des charges à respecter. Comme pour un film d'action : si tu vends un film en disant qu'il y a de l'action dedans, et que le spectateur n'y trouve ni course-poursuites, ni explosions, il va se sentir flouer. C'est pareil avec l'effet de jaillissement. Nous, on a peut-être été cons dans notre approche du relief. On a voulu jouer l'immersion à fond et ne pas avoir la main lourde sur le jaillissement. Peut-être qu'on aurait pu en mettre quelques-uns. Un au début, un à la fin. Ainsi, le spectateur aurait eu l'impression d'en avoir pour son argent.

JL : Pour le coup, on a peut-être voulu être plus malins que les autres. On a peut-être été trop extrême dans notre approche.

PS : Attention, ce n'est pas un discours populiste hein ! C'est juste qu'à un moment donné – et c'est ce que nous avons appris avec Derrière les murs – il faut savoir aller un peu dans le sens du spectateur, pour obtenir son adhésion au film. Si le prix à payer pour faire un film en relief est de mettre quelques effets de jaillissement, ce n'est pas non plus la mer à boire. Quand tu es réalisateur, il faut tenir compte de l'artistique et de l'économique. On ne peut pas évincer les attentes des gens du revers de la main, juste pour satisfaire ses envies de réalisation.

 

C’est votre premier film. Avez-vous tenu compte des critiques ? Et surtout, pensez-vous qu’elles aient eu une influence sur les spectateurs ?

JL : Le film de genre est sans doute le seul exemple en France où la presse spécialisée a son impact (ndla : sans jeu de mot). Case Départ n'a pas eu de meilleures critiques que Derrière les murs et a fait plus d'un million. Un film comme Les Tuches s'est fait démonter par la presse et a cartonné aussi. Dans le cinéma de genre, les lecteurs se fient énormément à l'avis de leur magazine ou site web préféré. Et on a le sentiment que cette presse spécialisée se fait un malin plaisir à démonter systématiquement toutes les tentatives de genre en France. On en discutait avec les gens de chez Canal récemment et eux non plus ne comprenaient pas cette "haine" des critiques vis-à-vis des films de genre.

PS : On va dire qu'on a une dent contre les critiques, mais c'est faux. Beaucoup font très bien leur travail, et lorsqu'on dit "bien faire le travail", ça ne veut pas dire "dire du bien". Mais j'ai l'impression que parfois, la critique est un jeu de massacre. C'est à celui qui trouvera la phrase la plus cinglante, la plus assassine. Pendant la projection de notre film, on a vu un journaliste qui twittait ! Mec, t'as le droit de pas aimer le film, mais regarde le sérieusement au moins ! Ce truc de twitter un avis à la sortie de la projection, c'est limite quand même. Forcément, ça pousse les critiques à trouver des petites phrases méchantes qui vont faire réagir. Et tu le sais comme nous, le négatif fait beaucoup plus buzzer que le positif !

JL : On les comprend aussi. Les mecs ils voient les films à la chaine, ils ne peuvent pas apprécier le film parce qu'au moment où ils le voient, ils pensent déjà à ce qu'ils vont écrire. Où ils pensent encore à celui d'avant, où déjà à celui d'après ... Mais pour en revenir à Derrière les murs, c'est sûr que si le film avait été porté par la critique, si tous les journalistes avaient écrit "foncez-y, vous allez rire, vous allez pleurer, vous allez avoir peur", on aurait fait un peu plus d'entrées. Là, on a eu de tout. Certains qui ont aimé. D'autre pas du tout. On était donc dans un ventre mou de la critique. Ce qui fait que les gens n'en ont pas vraiment tenu compte.

 

Derrière les murs en Blu Ray : interview de Pascal Sid et Julien Lacombe

"Pendant UNE projection PRESSE on a vu 

un journaliste qui twittait. Mec, t'as le droit 

de pas aimer le film, mais regarde le sérieusement au moins !"

 

Pour vous, est-ce que le cinéma de genre français est mort ?

JL : Si on se fie seulement aux chiffres des entrées salles, difficile d’être optimiste. Regarde Brocéliande, sorti en 2001, qui a fait plus de 200.000 entrées. Pour moi, il y a beaucoup de films de genre français sortis récemment qui sont aussi bien - voire mieux - que Brocéliande, mais qui font 10 fois moins d'entrées. Pourquoi ? Parce qu'il y a un réservoir d'entrées qui diminue d'année en année. Parce qu'il y a de plus en plus de films à l'affiche, parce qu'il y a le téléchargement, parce que si tu ne vas pas voir un film dans ses deux premières semaines d'exploitation, tu l'as loupé ... C'est un ensemble de beaucoup de choses qui font que c'est très compliqué pour un film de genre français d'exister.

PS : Le bruit qui court en ce moment, c'est que Canal Plus, qui a tenu le cinéma de genre français à bout de bras ces dernières années, a décidé de jeter l'éponge. Cette rumeur est fausse ! La vérité, c'est qu'ils veulent encore en faire, mais qu'ils reçoivent 3 fois moins de projets qu'avant. Pour toutes les raisons que l'on a citées, les producteurs sont de plus en plus frileux.

JL : Comme je le disais tout à l'heure, tous les films de genre français qui sont sortis ces dernières années (à quelques exceptions près) étaient des premiers films. Et donc, ils avaient des défauts de premiers films ! C'est totalement normal. D'où un mec qui fait son premier film peut arriver et mettre tout le monde d'accord ? C'est extrêmement rare. Pour que la machine se relance, il faudra une vague de deuxième ou troisième film. Avec des mecs ayant un peu de bagage. Là par exemple, il y a Livide d'Alexandre Bustillo et Julien Maury qui va sortir. C'est un deuxième film de genre. Et je suis sûr qu'il sera plus maitrisé qu'A l'intérieur, parce que Bustillo et Maury arriveront mieux armés. D'ailleurs, je suis super impressionné par la volonté de ces mecs-là. On sent qu'ils aiment le cinéma de genre, qu'ils ont ça dans le sang et qu'ils ne lâcheront rien. Si là, tout de suite, tu me demandes si je veux refaire un film de genre, je vais réfléchir longtemps avant de te répondre.

 

On vous sent un peu déprimés …

JL : Un peu. On bosse pendant plusieurs années sur un projet. Finalement personne ne le voit, c'est un peu dur. Alors oui, il y a la vidéo, les diffusions télé. Mais c'est naturel, on a grandit dans les salles obscures. Forcément, on fait du cinéma pour que les gens voient notre film en salles. Et quand on se rend compte que l'exploitation de notre film est un échec, ça fait mal. Je pense que pas mal de réalisateurs de genre en France se sont dit la même chose. Surtout qu'il faut le dire, dans le lot, il y avait des bons films.

PS : C'est déprimant d'en arriver à un point où faire 50.000 entrées, c'est presque un exploit. Il y a deux ans, lorsqu'un film de genre français sortait, les distributeurs tablaient sur 150.000 entrées. Aujourd'hui, si un film de genre fait trois fois moins, c'est presque champagne. Ca veut bien dire qu'en France, ce cinéma là est tout en bas de l'échelle.

JL : Ca a été une claque, c'est sûr. Ca nous a poussés à nous remettre un peu question. Mais on pose la question : combien y a-t-il de films géniaux qui sortent, par rapport au nombre de films moyens. Il ne faut pas s'attendre à l'excellence tout le temps.

 

Seriez-vous prêts à refaire un film en 3D ?

JL : Tout dépendra du film ! Personnellement, j'aimerai beaucoup refaire un nouveau film en relief, ne serait-ce que pour mettre en application ce que l'on a appris avec Derrière les murs.

PS : C'est très compliqué de dire ça aujourd'hui. Honnêtement, si on fait le bilan des films français tourné en 3D : il y a Derrière les murs et Asterix 4. Le Marsupilami qui devait se faire en relief se fait finalement en plat et le projet Fantomas de Christophe Gans n'avance pas. Depuis la sortie d'Avatar fin 2009, il n'y aura donc eu que deux films live français à se faire en 3D ...

JL : En documentaire et en animation, la 3D s'impose petit à petit. Mais en live, c'est une autre histoire. Donc te dire aujourd'hui qu'on veut rempiler pour un film en 3D, c'est compliqué !

 

Et plus simplement, avez-vous un nouveau projet ?

JL : On est en train de réfléchir avec Pascal à ce qui pourrait être notre deuxième film. Pour le moment, nous sommes partis sur un film d'aventure, à la Spielberg, avec un petit côté Amblin. C'est un projet qui nous tient vraiment à cœur, car il se réfère à plein de chose qu'on aime dans le cinéma.

PS : On a aussi un polar dans les cartons. Mais tu vois, on ne va pas choisir notre prochain film en fonction de son genre. On va le choisir en fonction de l'histoire qu'on a envie de raconter.

JL : Si on a envie de raconter une romance qui se passe en 2011, alors on fera une comédie romantique. Parmi les 4 ou 5 projets pour lesquels nous avons développé les synopsis d'une dizaine de page, il y a d'ailleurs une romance. On n'a pas d'œillères sur le genre.

PS : C'est vrai ! L'important, c'est vraiment l'histoire et les personnages. Le reste, c'est à dire le genre, ce n'est finalement qu'une toile de fond.

 

Propos recueillis par Pierre Delorme.

 

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