Ajami
Le 05/10/2010 à 08:01Par Sabrina Piazzi
Rarement aura été l'occasion de voir un premier film aussi ambitieux et réussi qu'Ajami. En plongeant le spectateur dans le quartier d'Ajami à Jaffa, district cosmopolite où cohabitent juifs, musulmans et chrétiens, les deux réalisateurs, l'un israélien, l'autre palestinien, décrivent le fragile équilibre quotidien de ses habitants où surgissent à brûle-pourpoint la violence et le meurtre. Jamais le conflit n'est évoqué dans Ajami et la réalisation quasi-documentaire ne s'embarasse pas de commentaires superflus, les images parlant d'elles-mêmes. De plus, Ajami s'avère être un remarquable film de gangster (on sent l'influence des Affranchis de Martin Scorsese) croisé avec une structure puzzle maîtrisée rappelant le cinéma de Robert Altman ou plus récemment celui d'Inarritu. Avec son réalisme poignant, l'excellence des interprètes (tous non professionnels) et son récit aussi complexe que captivant, Ajami est en passe de devenir un classique instantané.