Conviction
Le 16/03/2011 à 10:41Par Aurélie Vautrin
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Critique Conviction
N'y allons pas par quatre chemins : toute la force de Conviction est d'être basé sur une histoire vraie. Celle d'une femme ayant sacrifié sa vie pour prouver l'innocence de son frère, condamné à la prison à perpétuité pour un crime qu'il jure ne pas avoir commis. Alors, elle se bat, fait passer ses enfants et son mari au second plan, décide de passer le barreau pour devenir avocate, et se bat, encore, années après années, envers et contre tous. L'histoire avait fait couler beaucoup d'encre au début des années 2000 au pays de l'Oncle Sam, car mettait en avant les travers d'une justice pas forcément très juste... Sortons les violons et les mouchoirs, Conviction est de ces films calibrés pour le déluge lacrymal calculé. D'autant que le cinéaste appuie son récit avec moults flashbacks sur l'enfance gâchée de ses deux enfants mal-aimés, forcés à grandir seuls dans une société qui ne voulait pas d'eux... Avec en prime, envolée de piano et renfort de violons sur le dernier tiers du film.
Et pourtant, paradoxalement, Conviction peine à nous faire véritablement passer l'émotion de ses personnages. Car à trop jouer la carte du rouleau-compresseur lacrymal, Tony Goldwyn, englué dans un classicisme presque démodé, réussit presque à nous couper de tous sentiments. Dommage car il tenait là une histoire à Oscars... Heureusement, grâce à une mise en scène ciselée et soignée, mais aussi et surtout grâce à sa brochette d'acteurs particulièrement convaincants, Conviction parvient à sortir la tête de l'eau et à capter toute l'attention des spectateurs. Ainsi, quel bonheur de retrouver Minnie Driver (inoubliable dans Will Hunting), et Juliette Lewis, méconnaissable, si rares ces derniers temps sur grand écran... Hilary Swank également s'en sort avec les honneurs, réussissant à dépasser son jeu monolithique pour retrouver la force de ses premiers chef d'œuvres, Boys don't cry ou Million Dollar Baby. Enfin, Sam Rockwell explose dans son rôle de taulard amoché par la vie... Alors oui, on aurait aimé que Conviction nous prenne aux tripes, glane quelques statuettes et nous marque au fer rouge. On l'aurait aimé moins sage, plus audacieux et en dehors de ce carcan dans lequel il s'est lui-même emprisonné. Forcément, on pense à Erin Brockovich, seule contre tous, ou à la puissance de La Dernière marche. Mais il faudra finalement se contenter de ce qu'il est : (juste) un film très agréable à regarder.