STARBOX : posez vos questions à Bertrand Tavernier
Le 04/02/2011 à 13:19Par La Rédaction
Vous avez jusqu'au lundi 7 février à 23h59, pour poser vos questions. A vos claviers !
Né le 25 avril 1941 à Lyon, ce fils de l'écrivain et résistant René Tavernier, cinéphile passionné, fidèle de la Cinémathèque à l'époque de la rue d'Ulm et cofondateur du ciné-club Nickel-Odeon, commence comme critique aux Cahiers du Cinéma, Positif ou Présence du Cinéma, avant de travailler comme attaché de presse auprès de Georges de Beauregard. C'est celui-ci, producteur dont le nom reste attaché à la Nouvelle Vague, qui lui permet de réaliser ses premiers courts-métrages, en 1963 et 1964.
Il faut néanmoins attendre 1973 pour que Bertrand Tavernier signe son premier long : L'Horloger de Saint-Paul, un polar adapté de Simenon avec Philippe Noiret et Jean Rochefort, qui reçoit le Prix Louis-Delluc, ainsi que l'Ours d'Argent au Festival de Berlin. D'une facture classique mais malgré tout enraciné dans la société de son époque, le film, avec sa narration pointilleuse et ses dialogues ciselés, impose une manière de concevoir le cinéma qui restera toujours celle du metteur en scène. Et qui lui fait ressortir des tiroirs de brillants scénaristes, mis au rebus par les impitoyables jeunes loups de la Nouvelle Vague : Aurenche et Bost, qui travailleront, l'un ou l'autre, sur L'Horloger de Saint-Paul, Que la fête commence, Le Juge et l'Assassin, Coup de torchon et Un dimanche à la campagne.
Les tournages se suivent à un rythme régulier. Le cinéaste affiche une prédilection pour les films d'époque : Que la fête commence (1975), une fantaisie truculente et noire avec Philippe Noiret, Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle ; Le Juge et l'assassin (1976), la chronique d'un fait-divers avec Philippe Noiret, Michel Galabru et Isabelle Huppert ; Coup de torchon (1981), un drame du colonialisme avec Philippe Noiret, Isabelle Huppert et Jean-Pierre Marielle ; Un dimanche à la campagne (1983), sur une après-midi de 1912 avec Sabine Azéma et Louis Ducreux ; Autour de minuit (1985), un hommage au jazz des années 50 avec Dexter Gordon et François Cluzet ; La Passion Béatrice (1987), une épopée médiévale avec Bernard-Pierre Donnadieu et Julie Delpy ; La Fille de d'Artagnan (1994), un film de cape et d'épée avec Sophie Marceau ; ou Laissez-passer (2002), une chronique de l'Occupation allemande, avec Jacques Gamblin et Denis Podalydès.
Il signe aussi quelques puissantes dénonciations de la guerre et de sa barbarie, comme La Vie et rien d'autre (1989) avec Philippe Noiret et Sabine Azéma, Capitaine Conan (1996) avec Philippe Torreton, sans oublier le documentaire La Guerre sans nom (1992) co-réalisé avec Patrick Rotman.
Néanmoins, Bertrand Tavernier sait aussi parler de son temps. En 1980, La Mort en direct anticipe avec deux décennies d'avance les dérives de la télé-réalité via l'histoire d'un homme, joué par Harvey Keitel, auquel une caméra a été greffée dans le cerveau, et qui filme l'agonie d'une malade incurable jouée par Romy Schneider. En 1990, il enregistre les retrouvailles entre un père, joué par Dirk Bogarde, et sa fille, jouée par Jane Birkin, dans l'émouvant Daddy Nostalgie. Deux ans plus tard, il pose un regard quasi-documentaire sur le quotidien de la Brigade des Stups dans L. 627, avant, en 1995, de s'inspirer d'un fait-divers réel pour décrire la dérive d'une jeunesse dénuée de garde-fou dans L'Appât, qui impose le talent de Marie Gillain et reçoit l'Ours d'Or au Festival de Berlin. En 1999, Ca commence aujourd'hui narre les journées difficiles d'un instituteur de province joué par Philippe Torreton. En 2004, c'est le parcours du combattant pour les parents désireux d'adopter qu'il décrit dans Holy Lola, avec Isabelle Carré et Jacques Gamblin.
En 2009, ce passionné de cinéma américain, qui a interviewé les plus grands réalisateurs de l'âge d'or d'Hollywood pour des livres d'entretien devenus des références, tourne son premier film aux Etats-Unis (mais avec un financement français) : Dans la brume électrique, un polar trouble situé en Louisiane, dans le sillage de l'ouragan Katrina, avec Tommy Lee Jones en policier tenace, John Goodman en parrain mafieux et Peter Sarsgaard en superstar alcoolique. Le film est sélectionné en compétition au Festival de Berlin et primé au Festival du film Policier de Beaune. Il marque une parenthèse avant le retour du metteur en scène à l'Histoire de France via La Princesse de Montpensier, ou le récit de passions amoureuses sur fond de guerres de religions avec Mélanie Thierry, Lambert Wilson et Gaspard Ulliel.